Centre de création, formation et développement pour les arts de la marionnette
« Avec le dos de la cuillère » est un projet qui mêle théâtre physique, théâtre
d’objets, travail vocal et sonore, constructions plastiques et projections
d’images, jeux d’ombres et de reflets pour interroger et exalter le thème du
débordement sous toutes ses formes.
Le projet est d’abord né de la rencontre avec un objet à la fois usuel et insolite,
aussi gris que froid au premier abord : une grosse marmite en inox de 100 litres
au potentiel visuel et sonore immense ainsi que de l’envie débordante de
questionner, expérimenter et touiller cette soupe épaisse d’espace dans laquelle
nous sommes tous plongés en permanence.
Le thème du Débordement
« Rien de trop » pouvait-on lire sur le fronton du temple de Delphes.
Questionner le débordement est déjà une manière de l’expérimenter puisque,
au-delà du phénomène physique (depuis la soupe qui déborde de la casserole
jusqu’à la soupe cosmique et l’expansion de l’univers), du processus
émotionnel (la goutte qui fait déborder le vase), du contexte social et politique
(rôle du carnaval, du théâtre, du sport comme soupapes de la cohésion
sociale), etc.., on constate que le débordement est partout et semble n’avoir
aucune limite.
La poésie est débordement parce qu’elle transgresse les limites
conventionnelles du sens des mot et excède le langage.
Le théâtre puise dès ses origines dans l’esthétique du débordement (le
dionysiaque, la catharsis antique, l’hybris, etc.).
Plus généralement encore, on peut dire que toute recherche, tout geste de
création et même toute expression, sont des formes de débordement en tant
qu’élans à aller au-delà du connu, à transgresser les idées reçues et à ouvrir le
monde comme une question béante…
Et même exister est une manière de déborder puisque ex-sistere signifie « aller
au-delà de soi », sortir de ses limites !!
Partout, toujours, il n’y a qu’un pas à faire pour déborder du sujet et se laisser
happer par notre imagination débordante…
Le débordement est une esthétique qui tend à brouiller les frontières des
genres et des sens à tel point qu’elle franchit celles de la scène pour se
propager et s’épandre en phénomène polymorphe, hybride et, par extension,
fuyant...