Centre de création, formation et développement pour les arts de la marionnette
Mexico, le 4 mai 2005
Ça y est.
On attendait ce moment depuis deux ans. Grâce à l’élan conjoint de Frédéric Davanture de l’Alliance Française de San Luis Potosi, de Mariana Delgado
et de Manuel Hinojosa de Promotora de Cultura à Mexico DF, et aux efforts de la Compagnie toute entière, la tournée mexicaine a enfin pu voir le jour .*
Nous sommes à Mexico, sur le Zocalo, où la mémoire de Tenochtitlan, ancienne capitale fondée par les Aztèques, résonne encore, à deux pas des ruines du Templo Mayor, démoli pierre par pierre par les Conquistadores pour édifier la cathédrale du dieu chrétien. Terrible leçon d’histoire, de sang et de massacre, d’effacement totalitaire de la culture de l’autre ; les visages des statues ont été effacés pour que des millions d’individus se plient à la religion et à la culture de l’envahisseur. . L’Histoire du Mexique débute ainsi, nous en retrouvons les échos sur les murales de Diego Rivera (stupeur du touriste américain devant la figure de Marx dans un de ces tableaux, et qui n’arrive pas à croire au guide, qui lui explique : « Mais monsieur, Diego Rivera était communiste ! ». L’étasunien acquiesce, mais ne comprend pas : « Comment peut-on être communiste ? »).
C’est donc ici que nous sommes aujourd’hui, dans la capitale du Mexique, une ville aux 22 millions d’habitants et sept millions de voitures, l’une des villes les plus dangereuses au monde mais dans laquelle nous n’avons jamais ressenti la peur.
La tournée du Tamanoir, (¿pero donde paso el hoso hormiguiero ?) s’est déroulée sur cinq lieux : trois Festivals (Festival de San luis Potosi, Festival del desierto de Matehuala, Festival de la Palabra de Mexico DF), ainsi que la ville de Queretaro et l’Université Pedagogica de Mexico, où Joëlle Noguès a également dirigé un stage en direction des futurs enseignants.
Partout, l’accueil plus que chaleureux du public et la bonne volonté des équipes ont pallié les difficultés techniques comme les décalages linguistiques, Une partie du décor a été fabriqué sur place, et nous avons fait don à la compagnie de Théâtre de Marionnettes de Querétaro.
Parce que l’histoire de cette tournée n’a pas été seulement jalonnée de représentations, mais aussi de rencontres : avec cette Compagnie, dirigée par el Señor Carlos, avec qui nous avons échangé nos expériences et nos parcours respectifs ; avec l’équipe du Centre Culturel du Faro, phare d’une culture proche des gens qui cherchent à donner forme à un rêve collectif, dans un secteur de la ville depuis toujours négligé et qui manque de tout ; avec Hugo Pélaez, constructeur de alibrijes, monstres imaginaires issus de la culture populaire ; avec Beto, directeur du Teatro de Matehuala et auteur de pièces sur Pancho Villa ; avec les étudiants de la Faculté de Pédagogie et leurs questionnements pleins d’humour.
Peut être nous reviendrons un jour au Mexique avec un autre spectacle, nous l’espérons.
En tout cas, à toutes les personnes que nous avons rencontrées et avec qui nous avons partagé tant de moments intenses, nous ressentons le besoin de dire simplement :
gracias, merci.
*Nous tenons aussi à remercier la Région Midi-Pyrénées pour le soutien qu’elle a apporté à cette tournée.